Page:Pascal - Pensées, 2e édition G. Desprez, 1670.djvu/355

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C’est un néant que notre imagination grossit en montagne. Un autre tour d’imagination nous le fait découvrir sans peine.

[§] Il y a des vices qui ne tiennent à nous que par d’autres, et qui en ôtant le tronc s’emportent comme des branches.

[§] Quand la malignité a la raison de son côté, elle devient fière, et étale la raison en tout son lustre. Quand l’austérité ou le choix sévère n’a pas réussi au vrai bien, et qu’il faut revenir à suivre la nature, elle devient fière par le retour.

[§] Ce n’est pas être heureux que de pouvoir être réjoui par le divertissement ; car il vient d’ailleurs, et de dehors ; et ainsi il est dépendant, et par conséquent sujet à être troublé par mille accidents qui font les afflictions inévitables.

[§] Toutes les bonnes maximes sont dans le monde : il ne faut que les appliquer. Par exemple, on ne doute pas qu’il ne faille exposer sa vie pour défendre le bien public, et plu-