Page:Pascal - Pensées, 2e édition G. Desprez, 1670.djvu/382

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son que nous honorons les reliques des morts : et c’est sur ce vrai principe que l’on donnait autrefois l’Eucharistie dans la bouche des morts ; parce que comme on savait qu’ils étaient le temple du Saint Esprit, on croyait qu’ils méritaient d’être aussi unis à ce Saint Sacrement. Mais l’Église a changé cette coutume, non pas qu’elle croie que ces corps ne soient pas saints, mais par cette raison, que l’Eucharistie étant le pain de vie et des vivants, il ne doit pas être donné aux morts.

Ne considérons plus les fidèles qui sont morts en la grâce de Dieu comme ayant cessé de vivre, quoique la nature le suggère ; mais comme commençant à vivre, comme la vérité l’assure. Ne considérons plus leurs âmes comme péries et réduites au néant, mais comme vivifiées et unies au souverain vivant : et corrigeons ainsi par l’attention à ces vérités les sentiments d’erreurs qui sont si empreints en nous-mêmes, et ces mouvements d’horreur qui sont si naturels à l’homme.