Page:Pascal - Pensées, 2e édition G. Desprez, 1670.djvu/406

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son propre bien, dans l’idée même qu’il a du bien : et c’est une bizarrerie qui déconcerte ceux qui veulent gagner leur affection.

[§] Comme on se gâte l’esprit, on se gâte aussi le sentiment. On se forme l’esprit et le sentiment par les conversations. Ainsi les bonnes ou les mauvaises le forment ou le gâtent. Il importe donc de tout de bien savoir choisir, pour se le former et ne le point gâter ; et on ne saurait faire ce choix, si on ne l’a déjà formé, et point gâté. Ainsi cela fait un cercle, d’où bien heureux sont ceux qui sortent.

[§] On se croit naturellement bien plus capable d’arriver au centre des choses que d’embrasser leur circonférence. L’étendue visible du monde nous surpasse visiblement. Mais comme c’est nous qui surpassons les petites choses, nous nous croyons plus capables de les posséder. Et cependant il ne faut pas moins de capacité pour aller jusqu’au néant que jusqu’au tout. Il la faut infinie dans l’un