Page:Pascal - Pensées, 2e édition G. Desprez, 1670.djvu/71

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De M. le Camus, Docteur en Théologie de la Faculté de Paris, Conseiller et Aumônier ordinaire du Roi.


Il m’est arrivé en examinant cet ouvrage en l’état qu’il est, ce qui arrivera presque à tous ceux qui le liront, qui est de regretter plus que jamais la perte de l’Auteur, qui était seul capable d’achever ce qu’il avait si heureusement commencé. En effet, si ce livre tout imparfait qu’il est, ne laisse pas d’émouvoir puissamment les personnes raisonnables, et de faire connaître la vérité de la Religion Chrétienne à ceux qui la chercheront sincèrement, que n’eût-il pas fiat si l’auteur y eût mis la dernière main ? Et si ces Diamants bruts épars ça et là jettent tant d’éclat et de lumière, quel esprit n’aurait-il pas éblouï, si ce savant ouvrier avait eu le loisir de les polir et de les mettre en œuvre ? Au reste, s’il eût vécu plus longtemps, ses secondes pensées auraient été sans doute dans un meilleur ordre que ne sont les premières qu’on donne au public dans cet écrit, mais elles ne pouvaient être plus sages, elles auraient été plus polies et plus liées, mais elles ne pouvaient être ni plus solides ni plus lumineuses. C’est le témoignage que nous en rendons, et que nous n’y avons