Page:Pascal - Pensées, 2e édition G. Desprez, 1670.djvu/86

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main, que la plus simple lumière de la raison nous doit donner ces sentiments. Il ne faut voir pour cela que ce que voient les personnes les moins éclairées.

Il ne faut pas avoir l’âme fort élevée pour comprendre qu’il n’y a point ici de satisfaction véritable et solide, que tous nos plaisirs ne sont que vanité, que nos maux sont infinis, et qu’enfin la mort qui nous menace à chaque instant nous doit mettre dans peu d’années, et peut-être en peu de jours dans un état éternel de bonheur, ou de malheur, ou d’anéantissement. Entre nous et le ciel, l’enfer ou le néant il n’y a donc que la vie qui est la chose du monde la plus fragile ; et le ciel n’étant pas certainement pour ceux qui doutent si leur âme est immortelle, ils n’ont à attendre que l’enfer ou le néant.

Il n’y a rien de plus réel que cela ni de plus terrible. Faisons tant que nous voudrons les braves, voilà la fin qui attend la plus belle vie du monde.

C’est en vain qu’ils détournent leur