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rapprocher, encore moins d’identifier la maladie qui fait l’objet de cette Communication, avec la rage telle qu’on la connaît aujourd’hui.

Devrions-nous donc abandonner toute recherche d’une dépendance possible et cachée entre ces affections ? Ce serait vraiment tenir peu de compte de trois faits saisissants, savoir : que la maladie nouvelle a pris sa source dans la salive d’un enfant mort de la rage ; que la salive des lapins et îles chiens atteints de la nouvelle maladie s’est montrée virulente entre nos mains ; qu’enfin nous avons inoculé à des lapins, sans résultat, sans provoquer ni maladie ni mort, des salives de lapins asphyxiés et des salives recueillies sur des cadavres humains à la suite de maladies communes.

En résumé, tant que nous n’aurons pas épuisé les combinaisons expérimentales pouvant conduire à marquer un trait d’union entre la rage et la maladie nouvelle à laquelle la première a matériellement donné naissance, nous considérerons qu’il serait téméraire d’affirmer leur indépendance absolue.

C’est à dégager ces incertitudes et à éclairer ces obscurités que s’applique présentement une partie de nos efforts, avec l’espoir que, si la rage pouvait être attribuée à la présence d’un organisme microscopique, il ne serait peut-être pas au-dessus des ressources actuelles de la science de trouver le moyen d’atténuer l’action du virus de la terrifiante maladie, pour la faire servir ensuite à en préserver les chiens et, par suite, l’homme qui jamais ne contracte ce mal affreux que par les caresses ou la morsure d’un chien enragé.

Je ne terminerai pas cette Lecture sans remercier publiquement M. Thuillier, élève sortant de l’École Normale supérieure, qui a pris part à nos études avec un dévouement digne d’éloge. Ce serait être ingrat que d’oublier que dans cet ordre de recherches la moindre imprudence peut entraîner la mort à bref délai.

* M. Colin a affirmé dans la dernière séance[1] que MM. Maurice Raynaud et Lannelongue n’avaient fait que produire la septicémie avec la salive de l’enfant mort d’hydrophobie le 11 décembre à Sainte-Eugénie. Ayant de mon côté inoculé cette salive à des lapins, j’ai protesté contre cette interprétation gratuite.


    du virus rabique de l’homme au lapin, et ceux qu’on observe après la Communication de la rage du chien an lapin.
    *. Les sept alinéas suivants ne figurent qu’au Bulletin de l’Académie de médecine.

  1. Dans la séance du 18 janvier 1881. Voir p. 057-558 du présent volume. (Notes de l’Édition.)