Page:Pasteur - La Théorie des germes et ses applications à la médecine et à la chirurgie, 1878.djvu/7

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sion ; puis, peu à peu, ils passent à l’état de corpuscules-germes avec résorption du restant du corps du vibrion filiforme. Alors, à la place des fils mouvants de toutes dimensions linéaires, dont la longueur dépasse souvent le champ du microscope, on ne voit plus qu’une poussière de points brillants, isolés ou enveloppés d’une gangue amorphe, à peine visible[1]. Et voilà formée, vivante de la vie latente des germes, ne craignant plus l’action destructive de l’oxygène, voilà, dis-je, formée la poussière septique, et nous sommes armés pour l’intelligence de ce qui tout à l’heure nous paraissait si obscur ; nous pouvons comprendre l’ensemencement des liquides putrescibles par les poussières de l’atmosphère ; nous pouvons comprendre la permanence des maladies putrides à la surface de la terre.

Que l’Académie me permette de ne pas abandonner ces curieux résultats sans faire ressortir une de leurs principales conséquences théoriques. Au début de ces recherches, car elles commencent à peine, quoique déjà un monde nouveau s’y révèle, que doit-on demander avec le plus d’insistance ? C’est la preuve péremptoire qu’il existe des maladies transmissibles, contagieuses, infectieuses, dont la cause réside essentiellement et uniquement dans la présence d’organismes microscopiques. C’est la preuve que, pour un certain nombre de maladies, il faut abandonner à tout jamais les idées de virulence spontanée, les idées de contage et d’éléments infectieux naissant tout à coup dans le corps de l’homme et des animaux et propres à donner origine à des maladies qui vont se propager ensuite, sous des formes cependant identiques à elles-mêmes ; toutes opinions fatales au progrès médical et qu’ont enfantées les hypothèses gratuites de génération spontanée, de matières albuminoïdes-ferments, d’hémiorganisme, d’archebiosis et tant d’autres conceptions sans fondement dans l’observation.

Ce qu’on doit rechercher, dans l’espèce, c’est la preuve qu’à côté de notre vibrion il n’y a pas une virulence indépendante,

  1. Dans notre note du 16 juillet 1877, il est dit que le vibrion septique n’est pas tué par l’oxygène de l’air, ni par l’oxygène à haute tension, qu’il se transforme dans ces conditions en corpuscules-germes. Il y a là une interprétation erronée des faits. Le vibrion est tué par l’oxygène, et ce n’est que quand il est en épaisseur qu’il se transforme, en présence de ce gaz, en corpuscules-germes et que sa virulence peut se perpétuer.