Page:Pasteur - La Théorie des germes et ses applications à la médecine et à la chirurgie, 1878.djvu/9

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est désigné, par le docteur Bergmann et ceux qui l’ont suivi dans cette voie, du nom de sepsine. Nous avons recherché ce poison dans les muscles et dans les liquides du corps des animaux morts de septicémie ; nous ne l’y avons pas découvert jusqu’à présent, et nous croyons posséder l’explication des faits observés par les physiologistes allemands. Les détails dans lesquels il faudrait entrer pour en rendre compte m’entraîneraient au delà des bornes obligées de cette communication.

J’ai souvent rappelé devant cette Académie qu’il existe des êtres microscopiques-ferments de propriétés physiologiques diverses, depuis le mycoderma aceti, essentiellement aérobie, jusqu’à la levûre de bière, qui est à la fois aérobie et anaérobie, et j’ai souvent insisté sur cette circonstance que la vie qui se manifeste même pendant un temps très-court, en dehors de toute participation du gaz oxygène libre, entraîne aussitôt des phénomènes de fermentation.

Nous venons de rencontrer dans le vibrion de la septicémie un microbe exclusivement anaérobie, puisqu’il ne peut se développer que dans le vide ou en présence de gaz inertes. Il doit donc être ferment. C’est ce qui existe. Tant que dure la multiplication du vibrion par scissiparité, sa vie s’accompagne d’un dégagement de gaz acide carbonique, de gaz hydrogène, d’un peu d’azote et de très-faibles quantités de gaz putrides. Ces gaz ne cessent de se produire qu’au moment où va s’accomplir la transformation du vibrion en corpuscules-germes.

Ce dégagement gazeux pendant la vie du vibrion explique le ballonnement très-rapide des animaux morts de septicémie et l’état emphysémateux du tissu conjonctif, particulièrement en certains points du corps, les aines, les aisselles, où l’inflammation est quelquefois excessive.

Je dois ajouter sans plus tarder que tous les vibrions ne sont pas anaérobies, que l’un des plus communs qu’on trouve fréquemment à la surface des infusions des matières organiques végétales exposées au contact de l’air, vibrion très-flexueux et très-rapide dans ses mouvements, est exclusivement aérobie. Il absorbe l’oxygène et exhale de l’acide carbonique à très-peu près en volume égal, rappelant ainsi la physiologie de la bactéridie charbonneuse. Pressé par le temps, je ne veux que signaler en passant ce vibrion, parce qu’il a été