Page:Pasteur - Sur les corpuscules organisés qui existent dans l’atmosphère, 1861.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

paraissent mettre hors de doute que l’origine des productions organisées des infusions qui ont été portées à l’ébullition est due exclusivement aux poussières qui existent en suspension dans l’atmosphère.

Voici une autre méthode d’expérimentation qui achèvera de le démontrer.

Je place dans un ballon une liqueur putrescible, et j’étire ensuite le col en le recourbant et le contournant de diverses manières, puis je fais bouillir le liquide pendant deux à trois minutes. Le liquide reste intact. Je croyais d’abord qu’il fallait placer le ballon dans un lieu tranquille, où l’air ne serait pas agité du tout. C’est inutile. Tout se passe à l’entrée. L’air intérieur fait coussin. Les mouvements ne s’y propagent pas, ou avec tant de lenteur que les poussières entraînées ont le temps de tomber et de s’arrêter en route.

Vient-on, au contraire, à donner un trait de lime au col et à le détacher, au bout de un à deux jours les productions commencent à se montrer.

Vient-on même à donner au liquide des secousses violentes, de manière à déterminer des mouvements brusques de l’air, on peut être sûr de provoquer la naissance des moisissures ou des infusoires.

L’ensemble de ces résultats montre, ce me semble, avec la dernière évidence, que toutes les productions des infusions qui ont été chauffées sont dues exclusivement aux poussières qui sont en suspension dans l’air ; que toute idée de principes mystérieux, fluides, gaz connus ou inconnus, ozone…, doit être écartée.

Il n’y a quoi que ce soit dans l’air, hormis les particules solides qu’il charrie, qui soit une condition de la vie dans les infusions.

Ce résultat est certain. Tout le progrès de mon travail est là. Ne l’exagérons pas, ne le restreignons pas. Soit une infusion organique qui a subi l’ébullition.