Page:Pastoret - Ordonnances des rois de France de la troisième race, tome 19.djvu/21

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xviij P RÉ FA C E

eut même, quelques années après (a), une idée peu faite pour urt tel prince (h) ; touché des plaintes multipliées contre les traitans, il voulut supprimer, non pas tous les impôts, comme l’ont pensé quelques interprètes ou quelques historiens modernes, mais tous les droits d’entrée. En louant toutefois la pensée d’une si grande générosité, les sénateurs firent craindre à Néron la dissolution de l’empire, si l’on diminuoit les revenus qui en maintenoient la puissance : la suppression des douanes, ajoutoient-ils, autorisera bientôt à demander celle de l’impôt foncier et personnel (c). La plupart des droits d’entrée, continuoient les sénateurs, furent établis par les consuls, par les tribuns, dans le temps même que le peuple étoit le plus jaloux de sa liberté. Si, depuis, les impôts s’accrurent, la cause en fut dans la nécessité de balancer les revenus et les dépenses de l’état. Il faut néanmoins réprimer l’avidité des traitans ; il faut empêcher que des vexations nouvelles ne rendent trop odieux ce que le peuple, depuis tant d’années, supporte sans murmurer.

Je n’insisterai pas sur la loi qui suivit cette délibération ; je ne fais point l’histoire de l’impôt chez les Romains et chez tous leurs sujets, mais uniquement dans les Gaules. Néron, trois ans après, y fit faire un dénombrement nouveau. On a de la peine à concilier cet ordre avec la pensée généreuse que le sénat, peu auparavant, s’étoit cru obligé de combattre ; de pareils dénombremens ne se renouvelant guère sans l’intention plus ou moins secrète d’accroître l’impôt. Aussi fut-il accru, et même au point de ranimer l’insurrection ou, si l’on veut, la révolte des Gaulois (d). Vindex la suscita, et peut-être par cette rébellion ne contribua-t-il pas peu à faire placer Galba sur le trône. Galba reconnoissant accorda aux Gaulois une remise considérable, la remise d’un quart de la contribution foncière et personnelle. Le bienfait cependant ne fut pas général (e) ; l’empereur accrut même l’imposition de quelques cités qui lui avoient été contraires, comme Lyon, Trêves, Langres, &c. La même exception fut mise aux droits qu’il accorda aux habitans de la Gaule transalpine pour la participation aux plus hautes dignités publiques (f).

Les marchandises, au reste, étoient alors soumises dans les Gaules à un droit de. quarantième ; une inscription rapportée par Reinesius m’en offre la preuve (g). J’y vois que le contrôleur de cet impôt étoit un affranchi de l’empereur ; il y est appelé tabularius xxxx [quadragesima ] Galliarum (h). Galba régna si peu de temps que ceci de- (a) Lan 58 de i’ère chrétienne. (d) Dion, LXIII. (b) Tacite, Annales, XIII, § 50. (e) Tacite, I, Hist. SS 8, 51,53,65. (c) Car c’est là ce que tributum veut Suétone, Galba, S 12. dire, quoiqu’on l’ait si souvent traduit (f) Voir Tacite, Annales, XI, $§ 23 par tribut, mot qui, dans notre langue, et suivans ; et Plutarque, Galba, S 27. se rapporte plus particulièrement à une (g) Classe IX, inscript. 36. contributionimposéeauxpeuplesvaincus. (h) Tacite, Hist. I, SS 8 et 22.