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comment nous ferons la révolution

davantage de lugubre apparat que les coalisés avaient tenu à ce qu’il fût l’œuvre collective des armées d’Europe.

La concentration des troupes avait été longue. Les militaires qui avaient la direction des opérations ne s’en étaient pas émus ; ils ne considéraient pas le temps comme précieux, — tellement ils étaient convaincus du succès. Ils s’étaient lourdement moqués des délibérations du Congrès confédéral et les travaux du quarteron de savants qui prétendaient arrêter la marche des plus réputés guerriers d’Europe leur étaient occasion de continuelles plaisanteries. Ils n’ignoraient pas les découvertes qui faisaient la confiance des confédérés ; mais, orgueilleux de leur métier, ils considéraient que rien n’était supérieur à une forte armée.

Quand ils jugeraient l’heure propice, annonçaient-ils avec hauteur, ils donneraient le signal de l’invasion : en quelques chevauchées, ils entreraient à Paris et, après avoir purgé la capitale des révolutionnaires, ils rétabliraient l’ancien régime.

L’invasion commencée, les états-majors de l’armée coalisée se moquèrent d’abord. Ils l’avaient franchie la frontière ! Ils campaient sur la fameuse zone dangereuse ! Et ils ne s’en portaient pas plus mal… La mort ne les avait pas frappés !

Ces bravades firent bientôt place à de l’étonnement, — nuancé d’une pointe d’inquiétude, qui allait considérablement grandir. Malgré qu’ils fussent avertis, les généraux avaient tellement chevillé en