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comment nous ferons la révolution

considérée comme compensant la rémunération reçue par le personnel du théâtre. Il eût été anormal, en effet, que ce personnel travaillât à vide et s’adonnât à une besogne dont l’indifférence du peuple eût marqué l’inutilité.

À côté de ces compagnies théâtrales, qui organisaient régulièrement des spectacles et en faisaient profession, se développa ce qu’autrefois on appelait le théâtre d’amateurs. Peu à peu, il se généralisait et, peut-être, arriverait-il à annihiler le théâtre professionnel.

C’était la conséquence de la réduction de la durée du travail, dû à la société. Avec sa durée, déjà réduite, — et qui avait tendance à l’être plus encore, — chacun avait des loisirs et les employait selon ses goûts, ses aspirations, ses aptitudes.

Le manque de moyens, le manque de salles et de décors qui avaient autrefois infériorisé ces groupes d’amateurs n’existaient plus ; ils avaient les mêmes facilités de monter un spectacle que les compagnies de professionnels. Il ne s’élevait d’ailleurs pas de rivalités mesquines entre ces divers groupements ; le germe des conflits, le mercantilisme, étant radicalement extirpé, leurs relations étaient aussi cordiales que les vanités artistiques qui perçaient encore le permettaient ; les professionnels ne redoutaient pas la concurrence des amateurs et, s’entr’aidant les uns les autres, ils vivaient en camaraderie.

Les productions littéraires étaient assurées par des procédés de même ordre : des syndicats de littérateurs, de journalistes s’étaient constitués qui,