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comment nous ferons la révolution

culades, des bagarres. Alors, si l’un des champions de l’ordre exhibait un revolver, menaçait les envahisseurs, il était tôt mis hors d’état de nuire ; l’arme lui était arrachée des mains et il lui était donné le conseil de ne pas récidiver.

Néanmoins, si quelques-uns de ces incidents tournèrent au tragique, ce fut le petit nombre, même lorsque les patrons s’avisèrent de faire appel à la protection des autorités. Celles-ci étaient harcelées de demandes de secours ; elles ne savaient qui entendre, à qui promettre appui, ne pouvant, sur cent points divers également menacés, envoyer des agents ou des troupes.

Les préalables mesures de protection se trouvaient insuffisantes et inefficaces. Des patrouilles à cheval sillonnaient bien les rues, des postes de troupes étaient bien installés aux endroits stratégiques, — mais les débaucheurs qui, tel un élément déchaîné, passaient en trombe, ne fonçaient pas droit devant eux, en aveugles ; ils savaient éviter les embuscades, se détourner des patrouilles. Au moment propice, ils se repliaient, obliquaient à droite ou à gauche, — au besoin s’égrenaient, pour se reformer en arrière ; ils ne tenaient pas tête à la force armée, lâchaient pied devant elle, se refusaient à la bataille… et allaient opérer plus loin.

À ce jeu, les troupes gouvernementales s’énervaient et s’épuisaient. Elles étaient d’autant plus harassées par les marches et contre-marches, inutiles et vaines, qui leur étaient imposées, que dans la plupart des cas, elles arrivaient après coup au point qu’elles avaient ordre de défendre, — n’ayant que