ouvriers électriciens ignoraient totalement les graves événements qui venaient de secouer si fortement la torpeur prolétarienne.
Le gouvernement était rassuré davantage en ce qui concernait les ouvriers des usines à gaz. Étant donné leur passé syndical, ils n’étaient pas redoutés ; on les considérait comme incapables d’un geste d’énergie. Depuis des années et des années, toute leur action syndicale avait consisté en démarches déférentes et en sollicitations, auprès des autorités ; le respect de la légalité semblait les avoir momifiés en des attitudes de soumission. Aussi, la confiance du gouvernement était si profonde que, sans cependant négliger de prendre à leur égard quelques mesures de précaution, — du moins celles qu’on prit n’avaient-elles rien d’excessif.
La journée s’écoula sans incidents.
À la tombée de la nuit, Paris s’illumina comme tous les soirs. L’allumage des appareils électriques publics s’effectua sans encombre. De même celui des appareils à gaz.
La lumière s’épandait, éclatante. Pas le moindre papillotement, ni soubresaut. Rien ne clochait !
Sur les grands boulevards, les lunes électriques éclairaient de leurs lueurs blanchâtres les sourires déjà narquois des bourgeois, empressés à blaguer ces terribles ouvriers électriciens qui restaient sages… Déjà, aussi, dans les salles de rédaction des quotidiens « bien pensants », les plumes s’enveni-