Page:Pater - Vézelay, trad. Vignes, 1924.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

également, avec de merveilleuses[1] loges au-dessus. La cathédrale d’Autun, église séculière, rivale des « religieuses » présente en guise des porche ou vestibule, deux travées de la nef, avec un large ceintre tournée vers l’ouest, non vitré, ouvert à tous les vents ; la façade ouest ainsi que son riche portail sont reculés dans le fond de la profonde antichambre ménagée de la sorte à l’église.

Le narthex de Vézelay, la plus vaste de ces constructions spéciales, est vitré et clos du côté ouest par ce qui, de nos jours, constitue la façade. En réalité, il est à lui seul une grande église, à trois magnifiques ouvertures mesurant la largeur de la nef et des bas-côtés, avec un triforium spacieux. Avec leurs sculptures énergiques, mises ainsi à l’abri des accidents et des intempéries, conservées dans leur première fraîcheur, les vastes portails de la façade primitive servent maintenant de seconde porte, d’entré solennelle à l’intérieur de l’église proprement dite. La disposition du narthex, ses rapports avec l’édifice principal, indique que l’on en devait user occasionnellement, lorsque, à certaines grandes fêtes, spécialement celle de la Madeleine, à laquelle est dédiée l’église de Vézelay, le monastère était pleins de pèlerins, trop pauvres, trop nombreux, pour être logés en ville, venus pour adorer les reliques de l’Amie de Jésus, enchâssées dans la crypte à voûte peu élevée, dont le sol est la surface du roc sur lequel l’église est bâtie. Peut-être ces pèlerins étaient-ils autorisés à passer là leur nuit, non seulement sur le pavé, mais aussi (lorsque plus favorisés) dans la chambre, haute et sèche, formée par le spacieux triforium du bas-côté nord, en attendant la première messe.

Donc, la façade primitive ouest, est devenue un simple mur de séparation ; et au-dessus de son portail central, où existaient des ouvertures en plein ceintre, s’étale maintenant une espèce de large tribune voûtée, ayant pleine vue sur toute l’étendue de l’église. En son milieu s’élève un autel, et probablement le prêtre, qui y officiait, étant visible à toute la multitude assemblée de l’Est à l’Ouest, se disait la première messe.

  1. Dans le texte : fantastic.