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DISCOURS DE JAURÈS
Séance du 7 Avril 1895




Jaurès. Messieurs, je remercie d’abord la Chambre d’avoir bien voulu, malgré la fatigue de ce très important mais long débat, nous permettre, à mes amis et à moi, de nous expliquer à cette tribune, et j’ai encore besoin de faire appel, non pas à une indulgence à laquelle nous n’avons aucun droit, mais à toute votre équité ; car lorsque nous venons ici, au nom de l’idée socialiste, discuter avec vous le budget présent de la guerre, nous nous heurtons à de graves et particulières difficultés.

Il y a, en effet, dissentiment entre nous, non seulement sur le mode de répartition de détail de notre budget, non seulement sur tel ou tel point particulier de l’organisation militaire, mais sur les conceptions sociales qui déterminent le principe même de cette organisation.

C’est dire, messieurs, qu’il y a entre nous — et cela crée une grande difficulté de discussion — un désaccord fondamental et irréductible.

De plus je rencontre d’emblée — et je ne peux pas ne pas les rencontrer — des problèmes troublants, poignants même, à propos desquels, depuis deux années, de vives polémiques sont dirigées contres nous ; la guerre, le militarisme, l’idée que le prolétariat socialiste se fait de l’armée, de la patrie ; les rapports du socialisme français avec le socialisme international : l’aspect que prennent pour nous, pour notre parti, ces questions territoriales dont notre ami Vaillant parlait tout à l’heure ; ces questions, si