Page:Patriotisme et internationalisme.djvu/31

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fort d’oublier de Moltke, et cela n’est pas très rassurant. (Applaudissements à l’extrême gauche).

Donc, messieurs, voilà la situation contradictoire où est en ce moment-ci votre organisation militaire : d’une part, il n’y a qu’une proportion décroissante de l’effectif dans vos casernes, parce que toute votre armée réelle et efficace est au dehors ; et je ne comprends pas qu’on vienne dire — il m’avait semblé le comprendre dans les paroles de M. Delafosse et aussi dans celles du Gouvernement — je ne comprends pas qu’on vienne dire que le premier choc décidera de la destinée de la nation.

Eh oui ! il faut mettre, si on le peut, de son côté les premières victoires ; mais il ne faut pas dire à ce peuple, qui tant de fois s’est relevé du premier choc de la défaite (Applaudissements à l’extrême gauche), que toute la guerre est dans les premières batailles, que toute la patrie est dans les premiers bataillons. Il faut lui donner, au contraire, par une organisation appropriée de cette immense armée de réserve, le sentiment vrai, permanent, familier, qu’il y a derrière les premiers bataillons une immense réserve de forces défensives que les premiers échecs n’entameraient pas, qui ne serait jamais épuisée, et qui finirait par lasser la patience et l’obstination de l’envahisseur. (Applaudissements à l’extrême gauche).

Et alors, je vous demande, puisque en fait, au point de vue numérique, au point de vue de la force de combat, l’axe de votre armée s’est déplacé peu à peu, puisque ce qu’on appelait l’armée active est devenu ce qu’on appelle la réserve, puisque cette réserve, tout à la fois sédentaire et mobilisable, est maintenant votre véritable armée