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Page:Paul Bourget – L’étape.djvu/447

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LE PÊRE ET LE FILS

balle… Voyez, elle est déjà plus calme, » continua-t-il, et, entraînant le jeune homme dans la première pièce : « Il est nécessaire que quelqu’un passe la nuit auprès d’elle. C’est votre place. Je me charge d’aller jusqu’à la rue Claude-Bernard prévenir vos parents… Je leur annoncerai qu’elle a été blessée. J’ai déjà mon histoire. Un fait divers de la semaine dernière me la fournit, et vraisemblable. Un fou échappé de Sainte-Anne aura tiré sur les passants et l’aura atteinte… Je dirai que je me suis trouvé là, et que je l’ai fait transporter dans cette maison de santé où j’exerce. C’est assez naturel, et pour que cela le soit plus encore, je mettrai la scène du drame tout près, sur le boulevard du Montparnasse. J’expliquerai par un autre hasard que je vous ai rencontré et que vous êtes auprès d’elle. La mère voudra y courir tout de suite. Je dirai que la maison a une règle stricte et que personne n’y peut entrer après neuf heures. C’est vrai d’ailleurs. En sortant, je passerai rue Oudinot, pour qu’au cas où Mme Monneron y viendrait malgré moi, on ne me démente pas. Nous gagnerons toujours cette nuit. C’est nécessaire. Demain vous déciderez vous-même ce que vous voulez et pouvez dire… Ce soir, un mot d’introduction sur votre carte suffira… Et maintenant, » conclut-il, « j’ai à vous demander d’être vraiment un homme. Adhémar est ici… » Et, sur un tressaillement de Jean : « Il faut que vous me permettiez de l’emmener, sans que vous le regardiez, sans que vous lui parliez. Vous