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BRIGITTE FERRAND

phisme. Il est bien exact qu’il n’y a pas de nécessité de conséquence entre certaines doctrines et certains actes. La preuve en était Rumesnil, — quoique le jeune noble fût bien, lui aussi, un produit de l’Erreur Française, d’un état social où les privilèges de la naissance, n’étant plus doublés de droits et de devoirs correspondants, deviennent des instruments de corruption. — Il n’est pas moins exact que certaines doctrines augmentent et que d’autres diminuent la probabilité de certains actes. Il en est d’elles comme de ces mesures d’hygiène qui ne préservent pas nécessairement de la maladie ; elles représentent pourtant une défense que l’on ne saurait négliger. La Science des mœurs, cet ensemble d’observations et d’inductions qui constituent la Physique Sociale, ne semble pas, jusqu’ici, capable de conclusions absolues. Elle se résume en des indications empiriques et très modestes, mais qui acquièrent une valeur singulière quand on se trouve devant un cas précis. Pour continuer une comparaison de l’ordre le plus humble, quel père, durant une épidémie de fièvre typhoïde, se pardonnerait, n’ayant pas surveillé l’eau bue par ses enfants, d’en voir un mourir de la contagion ? L’enfant eût bien pu être frappé avec la surveillance. Du moins, le père eût fait ce qu’il pouvait et devait. Il en va de même dans l’ordre des choses morales, quand nous nous heurtons à des malheurs qui avaient la chance d’être évités par quelques précautions. Nous nous démontrons bien que