Page:Paul Bourget – L’étape.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
39
L’OBSTACLE

quelle vous pensez, est catholique, puisqu’elle est romaine. Le catholicisme est en vous, malgré vous, dans ce que les philosophes d’aujourd’hui appelleraient votre inconscient. Vous ne pouvez pas être en accord avec le plus intime de vous-même, si vous n’êtes pas catholique. Cet accord, vous l’avez passionnément désiré depuis que vous pensez, à votre insu, comme un liquide désire son niveau et oscille jusqu’à ce qu’il l’ait trouvé. Quand vous avez souhaité de fonder un foyer, sur quelle jeune fille s’est fixé votre choix ? Sur une catholique. Ce charme par lequel ma Brigitte vous a enchanté, c’est son âme, cette âme que lui a faite cette Église, dont vous dites qu’elle vous est étrangère, qu’elle vous est extérieure. Étrangère ? Oui, au « moi » factice dont vous a revêtu un enseignement qui prétend libérer la personne en la séparant de ses traditions. C’est la folie d’un jardinier qui s’imaginerait affranchir les arbres en les séparant de leurs racines !… Extérieure ?… Mais entrez-y donc, dans l’Église, et vous serez étonné de ce que vous découvrirez en vous, que vous n’y voyez pas… Vous éprouverez, ce jour-là, que se connaître soi-même, comme le conseillait la sagesse antique, c’est simplement se reconnaître… Ce qui vous est extérieur, en ce moment, c’est votre vraie personne. Mais Dieu la veut, et il l’aura. Vous avez les deux vertus dont il marque les âmes qu’il s’est choisies : l’humilité et la bonne volonté. Il vous poursuivra, jusqu’à ce qu’il vous ait conquis… »