qu’elle savait cette visite, et lui, de son côté, ne la laisserait pas s’en aller sans l’avoir revue, sans lui avoir reparlé. Cette image du jeune homme arrivant dans cette maison solitaire de Moret, cherchant ce fils, dont l’existence soudain apprise lui avait arraché un cri d’agonie, le découvrant, puis l’attirant avec des larmes, attestait un retournement de son cœur qui avait dû le ramener vers elle déjà. Elle était sûre qu’à son retour à Paris, il aurait essayé de la voir, sûre qu’il lui avait écrit. Et à elle aussi l’annonce de cette visite avait retourné le cœur. Elle n’avait plus qu’une pensée : revenir rue Rollin, retrouver Lucien, s’expliquer avec lui. Elle ne doutait pas qu’une lettre ne l’attendît… Où étaient maintenant ses héroïques projets d’exil ?… Mais se contredisait-elle vraiment ? Celui qu’elle avait résolu de fuir, c’était l’amant brûlé de jalousie, soulevé de désir et de rancune, haineux dans sa passion exaspérée. Ce n’était pas l’amoureux capable du mouvement de tendresse navrée et pitoyable que racontait ce baiser sur le front du fils de l’autre. Et puis, elle ne raisonnait pas tant. Elle était redevenue celle qui, depuis dix mois, n’avait pu, voyant le gouffre, s’en aller, comme elle avait dit, du chemin trop doux qui l’y conduisait. Quand, à huit heures, arrivée chez elle, avec toutes les fièvres de cette nouvelle attente, elle aperçut dans le casier l’enveloppe vainement espérée le matin et à midi, elle sentit qu’il lui serait impossible de ne pas faire ce que cette lettre lui demanderait, quoi que ce fût. C’était un billet et qui ne contenait que ces quelques mots : « Il faut que je vous parle, Berthe. En allant à l’hôpital, demain, venez à neuf heures aux Arènes. Je vous y attendrai. De
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