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L’IMPASSE

mon nom, vous savez que je suis un proscrit. Il paraît que je faisais courir un danger à l’État en traçant ces formules dans une maison où d’autres Pères travaillaient l’histoire, l’archéologie et l’hébreu ! Espérons que ce pauvre État est sauvé maintenant… » — Il rit de cette innocente épigramme, son unique vengeance contre ses persécuteurs. Puis, ses propres paroles l’ayant, par une naturelle association, ramené à sa première idée. — « Quelques-uns, parmi ces Pères, s’occupaient aussi de direction. Ils s’en occupent encore. Peut-être vaudrait-il mieux que je vous indique l’adresse de l’un d’entre eux. Si vous avez un conseil pratique à demander, un géomètre n’est guère qualifié pour vous le donner. Notre science… »

— « C’est précisément votre réputation de savant », interrompit Mme Darras, « qui m’a déterminée à cette démarche… Je vous ai dit que j’avais souvent entendu parler de vous, par mon mari d’abord. Il est un ancien élève de l’École polytechnique, comme vous, paraît-il… Certes, il n’est pas suspect de partialité envers l’habit que vous porter. À cause de cela, je vous demanderai de ne pas vous dire mon nom. Ses collègues et lui tiennent vos ouvrages dans une telle estime !… Et puis, vous avez eu le fils d’une de mes amies comme élève à Juilly. Je savais votre grande intelligence par mon mari. J’ai su par elle votre grande bonté… Quand j’ai cherché un prêtre auquel m’adresser dans une heure solennelle de ma vie, votre nom m’est venu à la pensée, pour ce double motif. Ma situation est si exceptionnelle que j’ai redouté un ecclésiastique ordinaire et son étroitesse d’esprit. Il y en a tant qui semblent n’avoir