Page:Paul Féval L'Homme de fer.djvu/11

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— Elle rouvre les yeux ! s’écria madame Reine.

Messire Olivier saisit cet instant pour répondre :

— J’ai effrayé, sans le vouloir, une noble demoiselle ; veuillez m’excuser, messires, je ne parlerai plus.

— Parlez encore, dit une voix faible au centre du groupe formé par les dames : je veux savoir !

Olivier s’inclina gravement.

— C’est un ordre, murmura-t-il. Que veut savoir Berthe de Maurever ?

— S’il fit de l’or ! prononça la jeune fille comme malgré elle.

— Il fit de l’or, répliqua Olivier.

— Avec du sang ? demanda encore Berthe d’une voix si basse qu’on eût peine à l’entendre.

Madame Reine la regardait inquiète et attristée. Messire Olivier répondit lentement :

— Avec du sang !

La curiosité renaissait de plus vive ; les dames avaient repris leur place, Olivier restait seul débout au milieu du cercle. Une girandole qui pendait au-dessus de sa tête éclairait en plein son visage, Certaines figures, pour rester poétiques et belles, ont besoin du clair-obscur. La lumière donnait aux traits de messire Olivier quelque chose de hautain et faisait briller la souveraine noblesse de son port. Au grand jour comme dans les demi-ténèbres, ce pâle jeune homme était maître et roi. Il y avait là de fières lances, des noms illustres par l’épée, des chevaliers vaillant et beaux. On ne les voyait point ; un rayonnement s’épandant autour d’Olivier, baron d’Harmoy, et fascinait tous les regards.

Il y eut des curieux insatiables pour demander :

— Et après qu’il eût fait de l’or ?

— Hélion vit et respire, répondit messire Olivier, ceux qui ont désir de savoir peuvent traverser le mur.

— Baron ! s’écria le sire de Dayron, vous nous avez promis l’histoire de l’Homme de Fer.

— Ne l’ai-je pas dite ? et n’est-ce pas assez ? Que puis-je