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XX


L’ERMITE


Dans la salle basse du manoir de Roz, les serviteurs étaient rangés autour de la table où le pichet de cidre restait immobile et plein.

Toutes les figures étaient pâles, tous les yeux inquiets.

Le nain Fier-à-Bras parlait d’une voix lente et grave.

— On ne rira plus ici, bonnes gens, disait-il ; nous sommes dans la maison du deuil.

Quand il se tut, la voix de dom Sidoine arriva, des chambres hautes, mêlée aux gémissements de madame Reine. Dom Sidoine récitait une prière.

— Nain, sais-tu quelque chose ? demanda un valet.

— Je sais tout, répondit Fier-à-Bras.

— Parle donc, au nom du ciel !

Le nain se recueillit et dit :

— C’était le soir de la passe d’armes. Berthe et Jeannine allaient sans défiance, comptant sur les deux hommes d’armes de Maurever qui les suivaient, la lance au poing. Les deux hommes d’armes furent tués par derrière. Un monstre à forme humaine, monté sur un cheval, dont les yeux rouges flamboyaient dans la nuit, conduisait les assassins. Berthe et Jeannine furent enlevées et conduites dans le bois. Elles entendaient le monstre qui rugissait. Le monstre était l’Ogre