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DEUXIÈME PARTIE

LA PEUR DES BOSSES



I

PROJET AUDACIEUX


Si l’on s’en rapporte à la façon dont l’Angleterre, de tout temps, a su régler ses actions, John Bull eût dû être hospitalier au bandit qu’était Philippe de Mantoue, car, toutes proportions gardées, l’Italie n’avait jamais cessé d’agir en vertu des mêmes principes.

Gonzague s’était contenté d’assassiner Philippe de Nevers, et son rêve serait achevé lorsqu’il aurait capté son héritage. Albion avait commencé avec Cromwel la longue série d’attentats, de meurtres, de duperies, de rapines qui fut sa loi depuis lors et qui consiste à égorger par surprise et à s’approprier les restes, non pas des individus, mais des peuples : témoin le Canada, Malte, les Indes, Gibraltar, l’Irlande et le reste.

Les loups, dit-on, ne se mangent pas entre eux… C’est possible ; mais, à coup sûr, ils se mordent.

L’arrivée à Londres de ce prince qui venait sans doute chercher à faire rentrer dans ses poches quelques bribes de l’or français qui avait passé la Manche, fut fort mal accueillie.

Law avait étranglé la banque de France et son crime avait profité surtout à l’Angleterre. Celle-ci n’était pas disposée à rendre gorge, ne fût-ce que d’une faible partie.

Quand Gonzague essaya de se présenter à la cour, il fut éconduit par Robert Walpole, le premier ministre, dont le principal souci était d’éloigner de Georges Ier toutes les intrigues, celles surtout qui eussent pu amener des complications avec la cour du Palais-Royal.

Philippe de Mantoue fit mine de se fâcher ; Walpole lui donna à entendre que non seulement il n’avait pas le droit de parler haut, mais que s’il n’étouf-