D’autre part, les voyelles (moyennes) ◌ָֽ, ◌ֵ, ◌ֹ n’ont nullement la durée des longues. Autrement il faudrait admettre qu’un très grand nombre de brèves primitives seraient devenues des longues en hébreu, et seulement en hébreu. Ainsi, tandis qu’on a des voyelles brèves dans arabe ذَقَن ḏaqan « barbe », syr. ܕܩܰܢ deqan, akkad. ziqnu, on aurait deux longues dans héb. זָקָן zåqån. Il est invraisemblable également qu’une voyelle qui est brève, par exemple, en syllabe fermée devienne une vraie longue par le seul fait que la syllabe devient ouverte. Si l’on essaie de donner aux trois voyelles moyennes la durée des longues on obtient une prononciation d’une lenteur invraisemblable et absolument impossible en pratique. Le fait que les voyelles moyennes n’ont pas sur une voyelle précédente primitive i, u l’effet qu’ont les voyelles longues montre qu’elles ne sont pas longues. Ainsi une voyelle longue fait tomber un i primitif : *ṣirār > צְרוֹר « sac » ; au contraire *ʿinab > עֵנָב « raisin ». De même *ruḥāb > רְחוֹב « place » (Brockelmann, Grundriss 1, p. 351), mais *šuʿar > שֹׁעָר « horrible » (cf. § 30 d).
h Remarques. 1. La distinction de cinq voyelles longues ā, ē, ī, ō, ū, et de cinq voyelles brèves a, e, i, o, u, introduite par Joseph Qimḥi (XIIe siècle) et généralement reçue jusqu’à nos jours, est une déformation violente du système vocalique de Tibériade. Elle a peut-être été suggérée par le dialecte roman parlé par J. Qimḥi, ou par le latin, ou encore par l’arabe (qui distingue trois longues ā, ī, ū et trois brèves a, i, u).
2. Les questions relatives au timbre et à la quantité des voyelles de Tibériade n’ont guère été étudiées que depuis la fin du XIXe siècle. Voir en particulier H. Grimme, Akzent und Vokallehre (1896), p. 32 sqq.
i Du timbre et de la quantité des voyelles hébraïques par rapport aux voyelles primitives.
On admet que le sémitique primitif avait trois voyelles longues ā, ī, ū et trois voyelles brèves a, i, u. En considérant le sort de ces voyelles en hébreu, il semble que les voyelles longues avaient un son fermé par rapport aux voyelles brèves correspondantes.
Le tableau suivant montre les principaux changements ordinaires des voyelles sémitiques en voyelles hébraïques dans les diverses espèces de syllabes (ouverte, fermée ; tonique, atone) :