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Changements dans les consonnes

Au point de vue lexicographique, on peut observer quelquefois la métathèse, p. ex. à côté de l’usuel כֶּ֫בֶשׂ agneau (107 f.) et de כִּבְשָׂה agnelle (8 f.) on a כֶּ֫שֶׂב (13 f.) et כִּשְׂבָּה (1 f.) ; à côté de שִׂמְלָה manteau (30 f.) on a שַׂלְמָה (16 f.).

c Chute de consonne. Le phénomène est fréquent en hébreu, soit au commencement du mot (aphérèse), soit à l’intérieur (syncope) soit à la fin (apocope). Les consonnes qui peuvent tomber sont surtout les deux consonnes vocaliques ו et י, les deux gutturales faibles א et ה, le נ (qui en hébreu tend à l’assimilation), rarement le ל.

d Aphérèse. Une consonne initiale ו, י, נ, ל, א sans voyelle pleine peut tomber : p. ex. dans les verbes פ״ו impér. שֵׁב ; dans les verbes פ״ן impér. גַּשׁ ; dans le verbe לָקַח prendre, impér. קַח ; au lieu de l’usuel אֲנַ֫חְנוּ nous on a 6 fois נַ֫חְנוּ.

e Syncope. Le ה est ordinairement syncopé dans les conjugaisons causatives au futur et au participe, p. ex. יַקְטִיל pour יְהַקְטִיל* (§ 54 a). Le ה de l’article est syncopé après les prépositions בְּ, כְּ, לְ, p. ex. לַמֶּ֫לֶךְ pour לְהַמֶּ֫לֶךְ* (§ 35 e).

L’א est assez souvent syncopé, mais reste généralement écrit, p. ex. לִקְרַאת in occursum pour לְקִרְאַת* ; מוּם tache pour מְאוּם* (2 f. מאוּם).

f Apocope. L’apocope est fréquente dans les formes verbales et nominales des racines ל״ה, p. ex. וַיַּ֫עַן et il répondit (rac. ענה) pour וַיַּֽעֲנֶה (1 f.) ; לְמַ֫עַן à cause de pour לְמַֽעֲנֶה*.

g Assimilation. La consonne נ dépourvue de voyelle tend à s’assimiler à la consonne suivante, laquelle est alors redoublée, p. ex. le נ de la préposition מִן ; ainsi מִן + שָׁם > מִשָּׁם de là, מִן + זֶה > מִזֶּה de celui-ci, d’ici. Le phénomène est ordinaire dans les formes verbales et nominales de racines פ״ן, p. ex. יִגַּשׁ pour יִנְגַּשׁ* de נגשׁ (pour le détail, cf. § 72)[1].

L’assimilation n’a pas lieu dans les verbes à 3e radicale נ, p. ex. שָׁכַ֫נְתָּ tu as habité ; exception נָתַ֫תָּה tu as donné (sans doute à cause du premier נ).

Le ת de la préformante הִתְ s’assimile à une dentale suivante,

  1. Pour עֵז chèvre la racine ענז, qui n’apparaît pas en hébreu, ne peut être induite que de la comparaison avec les langues apparentées, p. ex. ar. ʿanz ﻋَﻨْﺰ ; cf. § 96 A o.