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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.

il était venu faire aux Esquimetts une visite d’ami. Il avait été grand guerrier dans sa jeunesse ; en combattant, il avait eu la joue percée par une flèche. Il faisait beaucoup de prisonniers qu’il vendait ordinairement aux tribus situées plus au nord, ce qui diminuait leur chance de s’échapper, car, pour revenir dans leur pays, il leur fallait traverser une contrée hostile, le territoire des tribus du nord qui ne font d’esclaves que parmi ceux du sud. Il possède beaucoup de ce qu’on regarde comme de la fortune parmi les Indiens, et il l’augmentait de plus en plus par les tributs levés sur son peuple. Mais, suivant la coutume, quand sa fortune atteint un certain chiffre, il donne un grand festin auquel tout le monde doit prendre part ; il invite les chefs voisins avec lesquels il est en relation d’amitié, et, à la fin du festin, il distribue comme présents à ses hôtes tout ce qu’il a amassé depuis la dernière distribution, c’est-à-dire depuis trois ou quatre ans. J’ai entendu parler d’un chef qui possédait douze balles de couvertures, vingt à trente fusils, un nombre infini de pots, de chaudières, de casseroles, de couteaux de tout genre, de colliers, de colifichets de toute espèce, ainsi que beaucoup de belles boîtes chinoises, venues par les îles Sandwich. Le but du chef, en donnant ainsi ses trésors, est d’ajouter à sa propre importance aux yeux des autres, et son peuple ne manque pas de se louer souvent de ce qu’il a donné et de montrer avec orgueil ses présents.

Je fis aussi un croquis de son fils Culchillum. Il portait un bonnet de magie auquel il attachait un grand prix parce qu’il l’avait fait entièrement de scalps. Il ne le portait, me dit-il, que dans les grandes occasions, telles que sa présente visite aux Clallums. Je lui demandai