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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.

et assis les jambes croisées, au milieu de la chambre, se tenait le magicien ayant devant lui une assiette de bois pleine d’eau ; douze ou quinze autres individus s’étendaient le long des murs de la hutte. Il s’agissait de guérir la jeune fille d’une douleur qu’elle avait au côté. Aussitôt que ma présence fut remarquée, on me fit place, pour que je pusse m’asseoir. Le médecin qui venait d’officier me parut dans un état d’abondante transpiration par suite des efforts qu’il avait faits, et bientôt il se mêla aux assistants, tout à fait épuisé. Un plus jeune magicien lui succéda, se mit devant l’assiette et tout près de la malade. Jetant sa couverture de côté, il se mit à chanter et à gesticuler de la plus violente manière, tandis que les assistants marquaient la mesure en frappant avec de petits bâtons sur des bassins de bois creux et sur des tambours, avec accompagnement de la voix. Après une demi-heure de cet exercice, et quand la sueur commença à lui ruisseler sur tout le corps, le magicien se précipita tout à coup sur la jeune fille qu’il saisit à belles dents par le côté, la mordant et la secouant pendant quelques minutes, qui parurent faire souffrir à la malade une véritable agonie. Puis il la lâcha en s’écriant qu’il avait saisi le mal, et il se porta les mains à la bouche, après quoi il les plongea dans l’eau, prétendant qu’il y retenait avec beaucoup de difficulté la maladie qu’il venait d’enlever.

Il se mit alors à marcher autour de moi d’un air triomphant. Entre le pouce et l’index de chaque main, il tenait quelque chose ressemblant beaucoup à un morceau de chair ; ce que voyant, un des Indiens aiguisa son couteau et vint couper la moitié de chacun des morceaux. L’un des morceaux coupés fut jeté dans le feu ; cette opération était accompagnée d’un vacarme