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les indiens de la baie d’hudson.

fixés sur mes hôtes ; mon fusil à deux coups, tout armé, était posé sur mes genoux, et ma longue barbe rouge (objet d’étonnement pour tous les Indiens), me descendait à mi-corps ; je devais représenter, sans nul doute, pour eux, un Scoocoom, leur mauvais génie. Je dus mon salut à cette ressemblance, et je me gardai de les encourager à m’approcher, ne tenant nullement à les éclairer sur mon immortalité.

Enfin mon serviteur arriva avec les objets oubliés ; les Indiens rentrèrent au plus vite dans leur canot et passèrent la rivière. Nous continuâmes notre route sur le rivage jusqu’au soir, et nous campâmes ; poussé par la faim, je voulus attaquer un de nos jambons ; je saisis donc le bout de l’os pour le tirer du sac, mais hélas ! l’os décharné vint seul, le jambon n’était plus qu’une masse vivante de vers que la chaleur avait fait éclore. Nous trouvâmes le second dans le même état, et il fallut satisfaire notre faim sur le saumon rempli de sable.



CHAPITRE XIX.


31 juillet. — Connaissant le grand détour que la Colombie fait au nord, je crois raccourcir de beaucoup ma route en coupant à travers le pays, et en prenant le grand Goulet à une certaine distance de son embouchure. Nous quittons donc la rivière de bonne