Page:Paul Kane - Les Indiens de la baie d'Hudson.djvu/57

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mine. J’en ai vu qui attaquaient des chevaux et les mangeaient.

Au lever du jour, on reprit la route vers les plaines. Les charrettes remplies de femmes et d’enfants, chacune décorée d’un drapeau ou de tel autre signe destiné à les faire reconnaître par leurs propriétaires, s’étendaient sur une longueur de plusieurs milles, et formaient avec les cavaliers qui les escortaient le plus curieux spectacle du monde.

Le lendemain, nous passâmes la montagne de la Danse-Sèche, où les Indiens ont coutume de danser et de faire des fêtes pendant trois jours et trois nuits, quand ils partent pour la guerre. Ils observent toujours cette coutume afin d’habituer les jeunes guerriers aux privations qui les attendent en expédition, et pour éprouver leur force et leur énergie. Car si l’un d’eux faiblit pendant ces trois jours de fête, on le renvoie impitoyablement au camp avec les femmes et les enfants.

Le soir du jour suivant, nous fûmes visités par douze chefs sioux avec lesquels les métis soutenaient une guerre depuis plusieurs années. Ils venaient négocier une paix durable ; mais pendant qu’on fumait le calumet de paix, on apporta le cadavre fraîchement scalpé d’un métis qui s’était écarté du camp, et sa mort fut tout de suite attribuée aux Sioux. Comme les métis n’étaient en guerre avec aucune autre tribu, une rage soudaine s’empara des jeunes gens, et ils se seraient vengés de la trahison supposée, sur les douze chefs qui étaient en leur pouvoir, sans l’intervention d’un chasseur plus âgé et plus calme, qui, blâmant un pareil manque à l’hospitalité, escorta les chefs jusqu’aux limites du camp, en les prévenant cependant que toute