Page:Paul Kane - Les Indiens de la baie d'Hudson.djvu/59

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Les Saulteaux, bien que nombreux, ne sont pas une tribu belliqueuse, et les Sioux, célèbres pour leur audace, leur ont longtemps fait une guerre acharnée ; aussi les Saulteaux ne chassent dans les prairies qu’en compagnie des métis. Sitôt qu’ils furent en possession des cadavres, ils commencèrent la danse du scalp et mutilèrent les corps de la plus horrible façon. Une vieille femme, qui avait eu plusieurs parents tués par les Sioux, se montra particulièrement forcenée en arrachant les yeux des morts et en les déchiquetant de toutes façons.

L’après-midi du lendemain, nous atteignîmes un petit lac où nous campâmes plus tôt que d’usage, à cause de l’eau. Le jour suivant, je vis une bande d’environ quarante vaches-bisons ; nos chasseurs de se mettre à l’œuvre. C’étaient les premières que je voyais, mais j’étais trop loin pour me mêler à la chasse. Les métis en rapportèrent vingt-cinq, qui furent les bienvenues, car nos vivres devenaient rares et j’étais fatigué de pimmikon et de viande sèche.

La partie supérieure de la bosse du bison, pesant quatre ou cinq livres, se nomme, chez les Indiens, la petite bosse. Elle est plus compacte que le reste, bien que fort tendre, et on la garde d’ordinaire. On couvre de graisse la partie inférieure, la plus large, qui est juteuse et d’un goût délicieux. La bosse et la langue sont les meilleurs morceaux du bison. Après nous être gorgés de ce festin, les chasseurs passèrent la soirée à rôtir les os et à en avaler la moelle.

Les deux ou trois jours suivants, nous ne vîmes que de fort petites troupes de bisons ; mais en avançant elles devinrent plus fréquentes. Enfin nos éclaireurs nous annoncèrent un troupeau immense à deux milles