Page:Paul Kane - Les Indiens de la baie d'Hudson.djvu/69

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dîmes le courant. À la nuit, j’entendis distinctement le bruit produit par le poisson de la rivière Rouge appelé le soleil ; je ne l’ai entendu que dans cette rivière. C’est un son qui ressemble au soupir d’une personne ; d’où provient-il ? je n’ai jamais pu m’en rendre compte. Nous ne fîmes que peu de chemin, le courant étant très-lent. Après avoir jeté l’ancre pour passer la nuit, les moustiques devinrent si odieux que M. Simpson et moi prîmes nos couvertures à terre, et nous réfugiâmes dans une case indienne à peu de distance du rivage, parce que la fumée qui remplit ces habitations en écarte les insectes. Il y avait là trois ou quatre familles de femmes et d’enfants, les hommes étant à la chasse. On nous abandonna un coin pour dormir, mais un effroyable orage qui s’éleva troubla notre repos. Ces tempêtes sont fréquentes ici ; les éclairs étaient si éclatants et les roulements de tonnerre si rapprochés que je crus plusieurs fois entendre notre vaisselle se briser en pièce. Les missionnaires restés à bord furent terrifiés, et passèrent, je pense, la nuit en prières. Peu de temps avant, une case contenant plusieurs personnes fut frappée par le fluide électrique ; quatre d’entre elles furent tuées sur le coup, les trois autres très-gravement blessées. Ce sont là des accidents communs sur les bords de la rivière Rouge.

8 juillet. — Ce matin grand vent debout, qui nous empêche de continuer pour le moment. Nous prenons, M. Simpson et moi, un canot, et remontons la rivière jusqu’à un camp indien de Saulteaux que nous avions vu le jour d’avant. Les Indiens nous entourent en nous demandant ce que nous voulons. Notre interprète leur dit que je venais pour faire leur portrait. Un d’entre eux, un énorme individu fort laid, tout à