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Page:Paul Kane - Les Indiens de la baie d'Hudson.djvu/89

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Edmonton, où on l’appelait le duc de Wellington, sans doute à cause de ses hauts faits. Il eut un jour une affaire avec les Pieds-Noirs, et, pendant qu’il tirait un coup de fusil, il reçut une blessure assez curieuse. La balle entra dans son poignet, traversa le bras, entra dans son cou et ressortit en haut de l’épine dorsale.

Après m’avoir dit une foule de ses exploits, il me raconta, à mon grand étonnement, qu’il avait tué sa propre mère. Il paraît que, pendant un voyage, elle lui dit que, se sentant trop vieille et trop faible pour supporter les fatigues de la vie, elle lui demandait de la prendre en pitié et de mettre fin à ses souffrances : il la tua sur la place. Je lui demandai où il l’avait visée. « Pensez-vous, me dit-il, que j’aie choisi une mauvaise place ? Je l’ai frappée là, ajouta-t-il en montrant son cœur ; elle mourut sur-le-champ ; je pleurai d’abord, puis quand je l’eus enterrée je n’y songeais plus. »

Il ne faut pas croire que les Indiens considèrent les femmes avec les sentiments des nations civilisées : ils les regardent plutôt comme des esclaves que comme des compagnes. Cela se remarque surtout dans leur manière d’être avec les femmes âgées, qu’ils trouvent à peine faites pour vivre. En voici un exemple :

Quelques domestiques de la compagnie remontaient, pendant l’hiver, la rivière Saskatchawan sur la glace, avec un traîneau à chiens, chargé, entre autres choses, d’un tonneau contenant huit gallons de spiritueux ; en passant sur un endroit de glace mince, les chiens enfoncèrent avec le traîneau et disparurent emportés par le courant. L’été suivant, des Indiens qui se baignaient près du rivage trouvèrent le tonneau intact, et, voyant quel était son contenu, ils résolurent de faire bombance. Un d’entre eux, toutefois, supposa que la li-