Page:Paul Lancrenon - De la Seine a la Volga, 1898.djvu/206

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
189
la volga.

Je vendis pour soixante roubles (cent quatre-vingts francs) mon vélocipède à un peintre qui n’était jamais monté sur un instrument de ce genre, mais que mon voyage avait rempli d’enthousiasme. Enfin, tout se trouva prêt pour la seconde partie de mon voyage, et, non sans une certaine appréhension, je partis pour traverser cette grande Russie dont je ne savais presque rien, et où, d’après les Allemands civilisés des provinces baltiques, je devais rencontrer toute sorte d’ennuis de la part de la poiice soupçonneuse, et de dangers au milieu de populations ignorantes.


en périssoire du plateau de valdaï à astrakan

Mardi 16 juin. - Par le chemin de fer Nicolas, qui va droit devant lui à travers collines et vallées, j’arrive, à sept heures du soir, à la petite station de Valdaïka.

Mercredi 17 juin. - La longue caisse qui contient ma périssoire est placée sur deux avant-trains séparés. Je m’assieds, ou plutôt je monte à cheval sur cette troïka improvisée, et, à cinq heures du matin, nous partons au trot. Au bord du chemin, les hommes à la blouse rouge fanée, les femmes aux robes courtes, aux grandes bottes frottées de suif, me saluent avec beaucoup de respect et un peu d’étonnement.

Valdaï a donné son nom à toute cette région, mais ce n’est qu’un grand village au bord d’un lac, dans un pauvre pays de granit dont les parties les plus désolées de la Bretagne sont l’image fidèle. Dans un choc violent après beaucoup d’autres, la cheville ouvrière qui réunit les deux