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la volga.

temps des yeux la Koura dans son étroit lit de rochers, puis je redescends vers la ville, où les chameaux apportent des tapis de Perse, et les ânes, du vin de Kakhétie et l’eau de la Koura dans des outres de peau de bœuf, où se mêlent enfin « cent peuples divers ».

Les Arméniens sont les plus nombreux, ils jouissent d’une grande influence, pénètrent dans l’administration, réussissent admirablement dans le commerce. Ils constituent une sorte de bourgeoisie qui s’élève et s’enrichit, tandis que la noblesse géorgienne s’abaisse dans l’oisiveté et ne sait, ou ne veut d’autre métier que celui des armes. L’oisiveté est aussi le plus grand défaut des femmes géorgiennes, dont l’embonpoint altère vite la beauté régulière, un peu monotone. Les Persans, aussi habiles que les Arméniens, gardent fidèlement leurs mœurs. Les Juifs, écrasés par cette concurrence redoutable, sont pauvres.

Au commencement de ce siècle, un essaim des colonies allemandes du sud de la Russie se fixa à Tiflis ; ces colons ont conservé leur langue et leurs chants nationaux ; ils ont leur temple et leurs écoles ; ils réussissent mieux que les Russes, qui les détestent. La colonie française est beaucoup moins nombreuse.


à pied à travers le caucase

Je me serais volontiers arrêté à Tiflis pendant quelques jours, mais la voix intérieure qui, sans cesse, me rappelait l’itinéraire tracé pour mon voyage, se faisait plus impérieuse lorsque de nouveaux obstacles surgissaient devant