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C. Texte critique

Tout ce qu’on sait sur l’auteur des Gloses de Cassel, c’est qu’il était Germain : cela est prouvé par la confusion perpétuelle qu’il fait entre les sourdes et les sonores (voy. Diez, pp. VII et VIII). C’était vraisemblablement un homme d’Eglise et il avait sans doute voyagé en Romanie. Mais il n’est pas certain qu’il ait fait lui-même la traduction, ou, s’il l’a faite, ce ne fut très probablement que quelque temps après la composition du texte.

Pour l’hypothèse d’une traduction après coup (de l’auteur même ou d’une autre personne), faite avec une certaine négligence et en hâte, militent en effet les raisons suivantes : plusieurs mots (les gloses 107 et 153) n’ont pas été traduits et il semble qu’ils aient été sautés : d’autres sont traduits d’une façon inexacte ou approximative, un grand nombre le sont par des mots romans germanisés (pour plus de facilité) ; à un pluriel correspond souvent un singulier et réciproquement ; la glose 47 au lieu d’être traduite en allemand, a été tout bonnement réunie à la suivante par le mot allemand qui signifie « ou bien » : enfin le fameux segradas de la glose 101 qui doit vouloir dire « les latrines », étant donné la place où il se trouve, a été traduit par « sacristie », ce qui est un contre-sens. Le mot (dérivé de SECRETA) avait sans doute les deux sens en rtr., la sacristie étant en quelque sorte un lieu secret, retiré. Si la traduction avait été faite en même temps que le texte, il est évident que l’auteur en énumérant les différentes parties de la maison n’eût jamais pensé à « sacristie ». Voyez encore, en faveur de notre hypothèse, un argument très important développé au Commentaire sous 151 et 152.

La question reste obscure, de savoir si l’auteur a fait un travail original ou s’il s’est aidé de glossaires antérieurs : cela, du reste, a peu d’importance.

Ce n’est pas le ms. original que possède la bibliothèque de Cassel. C’est l’œuvre de deux copistes (voy. Diez, pp. 72-3) ; car on reconnaît