Page:Paul Sébillot - Littérature orale de la Haute-Bretagne.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mes conditions ; je vais te les expliquer : le premier de nous deux qui se fâchera devra se laisser couper une rouelle de peau.

— J’accepte, dit le garçon, qui pensa en lui-même qu’il se garderait bien de se fâcher.

Le lendemain, son maître lui ordonna d’aller bêcher dans le jardin, en lui disant de revenir déjeûner à neuf heures.

À l’heure fixée, le domestique était de retour, et il avait déjà grand faim.

— Te voilà revenu pour déjeûner ? lui demanda son maître.

— Oui, monsieur.

— Tu te passeras bien de déjeûner.

— Non, par tous les diables ! s’écria le garçon.

— Tu te fâches ? Tu vas quitter ma maison ; mais auparavant je vais te découper sur la fesse une rouelle de peau.

Le garçon s’en alla bien ennuyé, lui aussi, et vint trouver le plus jeune de ses frères, auquel il raconta qu’il avait quitté le château parce qu’on ne voulait pas lui donner à manger, et que pareille chose était arrivée aussi à l’aîné.

— Je vais aller au château à mon tour, dit le plus jeune.

— N’y vas pas, mon frère, lui dirent les autres ; pense que chacun de nous a eu une rouelle de peau coupée sur sa fesse.