Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
106
SAINT-EUSTACHE

Longtemps battus en brèche par Saint-Germain-l’Auxerrois, les curés de Saint-Eustache n’étaient pas riches au Moyen-Age, et suivant un dicton populaire : « il fallait être fou pour être curé de Saint-Eustache » ; depuis, ces braves gens se sont rattrapés dans les grands prix, la suite de cette histoire va vous le prouver.

Autant l’église est terne au-dehors, autant les grandes colonnes, sans architecture bien définie, d’une construction moderne, mais qui s’élancent hardiment vers le ciel, font de l’intérieur un superbe vaisseau. La croix est droite et l’on ne tenait déjà plus compte, à la fin du xvie siècle, de l’inclinaison traditionnelle qui se retrouve dans toutes les vieilles églises. Les détails, la partie meublante — révérence parlée — sont bien curieux et bien amusants. Voici d’abord le beau tombeau, dans une chapelle, de Jean-Baptiste Colbert, ministre d’État, mort en 1683 ; puis la modeste plaque en marbre rouge placée dans une autre chapelle, en 1883, par la Société des compositeurs de musique en l’honneur de Rameau.

Mais ceci n’est que le côté artistique ; ce qui est vraiment extraordinaire, c’est — comment dirai-je — le côté folichon et profondément pratique des affiches et des troncs, que l’on retrouve à chaque pas, sur chaque colonne, devant toutes les