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MON BERCEAU

autour de lui que des carlistes, comme l’on disait alors.

Hélas ! ce n’est là qu’une partie du bilan navrant de cette époque de deuil et de désespoir national : mais il était bon de rappeler que sous le couvert de Mme la duchesse d’Orléans, entre deux hoquets cagots, l’oratoire du Louvre fut tous les dimanches, pendant ce règne trop long, l’officine où se tramèrent tous les complots, toutes les trahisons, toutes les ventes interlopes, tous les marchés honteux, tous les trafics inavouables qui livrèrent la patrie impuissante et meurtrie aux griffes des léopards.

Aujourd’hui, derrière les arcades de la rue de Rivoli, au chevet du temple, un marbre blanc : dans un superbe mouvement d’abnégation, de patriotisme et de vertu, le grand amiral Gaspard de Coligny se dresse comme la vivante image de la patrie, protestant contre tous les fanatismes.

Deux belles figures de femmes sont à ses pieds ; ce monument est simple, il est grand, il arrête le passant ému et troublé.

Que tous les fanatiques de toute confession le contemplent avec respect et qu’ils n’oublient pas que, si le grand amiral revenait sur la terre, il jetterait l’anathème à ce règne néfaste de Louis-