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MON BERCEAU

guerre et je me souviens d’avoir conduit là, comme à Mabille, comme à Bullier, plus d’un jeune ménage de mes amis, de Bordeaux, de Toulouse, de Marseille, qui voulait absolument connaître les bals publics de Paris.

Aujourd’hui, tout cela a disparu, le bal est sorti de nos mœurs et c’est à peine si les nouvelles étoiles, la Môme-Fromage, Grille-d’Egout, Rayon-d’Or, la Goulue ou Nini Patte-en-l’Air peuvent attirer les provinciaux, les vieux messieurs ou les collégiens, malgré les transparences provocatrices de leur pantalon, qui laissent bien loin derrière elles les timides et légendaires ébats de ces demoiselles du corps de ballet de l’Opéra.

Après une fermeture plus ou moins longue, le 26 novembre 1881, nous étions conviés à aller admirer sur l’emplacement de la feue salle Valentino le panorama représentant les cuirassiers de Reischoffen.

Poilpot et Stéphen Jacob avaient condensé là tout leur talent et tout leur cœur et plus d’un, qui avait flirté plus que de raison dans les galeries de Valentino quelques années auparavant, essuyait une larme en contemplant la charge immortelle de 1870.

C’est peut-être pour cela aussi que le bal public est mort ou à peu près depuis environ 20 ans, c’est que le sursum corda n’est pas toujours une