Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
197
mon berceau

défiler l’empereur, suivi de son état-major, les maréchaux de l’Empire, Junot, Berthier, Lannes, Duroc, Ney ; Tamerlan, salue ton frère, c’est le fléau de Dieu qui passe, fauchant les bataillons, remplissant de morts les sillons de l’Europe, faisant pleurer toutes les femmes qui ont un cœur de mère ou d’épouse.

Au pied de la terrasse des Tuileries, Charles X est là, à cheval, avec un chapeau ridicule à la Wellington, entouré de sa cour — pauvre cour. Sur un banc, au pied d’une statue de fleuve, Cuvier, Lacépède, Béranger, donnent seuls un peu d’éclat à cette triste époque.

Puis voici encore l’avenue des Champs-Élysées, avec l’Arc-de-Triomphe au fond, qui semblent livrer passage au soleil ; des gens du peuple et des polytechniciens agitent un drapeau. Les grands savants sont là : Ampère, Arago, Fresnel, les philosophes, les écrivains ; hardi ! Armand Carrel, le peuple commence à sortir de sa torpeur.

Voici la terrasse ; le groupe est admirable de vie, beaucoup de grands hommes au milieu de l’époque la plus terne de notre histoire. Au centre, en haut, la reine Marie-Amélie arbore un chapeau insensé, pour faire plaisir aux Anglais, à côté de