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Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/249

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le bon vieux temps

jouées sur le Théâtre-Français fussent réglés par un tarif uniforme, basé sur celui des recettes, le prix d’une pièce se débattait amiablement entre les comédiens et l’auteur.

En 1655, Tristan, l’auteur ordinaire des comédiens de l’hôtel de Bourgogne, dans la louable intention d’obliger un de ses confrères qui ne pouvait réussir à faire représenter ses œuvres, bien qu’elles en fussent dignes, présenta aux comédiens une pièce de celui-ci en la donnant signée de son nom. Les comédiens trouvèrent la pièce charmante et se disposèrent immédiatement à la jouer, ce que voyant, Tristan avoua sa ruse en annonçant que la pièce n’était nullement de lui, mais bien de Quinault, son ami et son confrère. Tristan se réjouissait déjà du succès de l’affaire, lorsqu’à son grand étonnement les comédiens ne voulurent plus payer la pièce que la moitié du prix ordinaire.

Tristan s’indigna de cette conduite ; les comédiens tinrent bon, alors il leur proposa cet expédient qui conciliait tout :

— Vous prétendez, leur dit-il, que la pièce est inférieure à celle que vous jouez, et que, par conséquent, vous devez la payer moins cher. Faites ceci : jouez la pièce, et abandonnez un neuvième de la recette à Quinault ; de cette façon, si les représentations vous rapportent peu, il