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mon berceau

druc-Duclos, grave, noble, mais triste et découragé aussi, sombre et taciturne parfois, avec un air à porter le diable en terre, comme disaient les boutiquiers des galeries qui le voyaient passer, devait se promener pendant seize ans sous les galeries du Palais-Royal, de 4 heures à 6 heures en hiver et de 2 heures à minuit en été.

Le soir il sortait par la Cour du Palais, prenait la rue Saint-Honoré et allait se coucher dans un bouge ignoble de la rue Pierre-Lescot. On prétendait qu’il jetait une pièce de vingt sous sur la table et prenait sa chandelle pour monter se coucher ; ceci doit faire partie de la légende, car c’est là, dans cette maison, qu’il est mort, le 11 octobre 1842 ; il y avait 16 ans qu’il y habitait et il devait être logé pour beaucoup moins de 30 francs par mois. Quoiqu’il en soit, arrêté pour vagabondage, on dût le relâcher, car il prouva qu’il avait quelques propriétés en Gascogne et qu’il vivait de ses rentes ! On le poursuivit alors pour outrage à la pudeur et c’est alors que pour vivre en paix avec la justice de son pays, il se décida à mettre quelques pièces aux bons endroits de ses hardes.

En somme, la vie et la mort de cet homme, qui avait joué un certain rôle dans les bagarres politiques, sinon dans la politique même de son temps, sont restées une énigme, même pour ses