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mon berceau

longtemps qu’ils sont absolument déchus de tous leurs droits, puisqu’ils n’ont pas su remplir leurs devoirs, et quelle que soit la solution qui va fatalement intervenir[1], il est de toute évidence, au point de vue juridique, qu’on ne leur doit pas un sou d’indemnité pour leurs charges qui sont d’ailleurs, pour la plupart, outrageusement majorées par des évaluations fictives, que je n’ai point à discuter ici.

Mais ce sont là les petits côtés quotidiens du débat, si je puis m’exprimer ainsi, et je veux l’examiner de plus haut pour bien montrer qu’il ne s’agit pas ici d’une question de boutique, qu’il ne s’agit pas de savoir si les actions et obligations de telles ou telles valeurs seront vendues dans les bureaux de tels agents de change ou dans les officines de tels coulissiers, mais d’un péril national, plus imminent chaque jour, grâce à l’inconcevable impunité du plus monstrueux des monopoles ?

En effet, pour ne pas égarer l’enquête et bien rester sur le terrain contemporain, est-ce que, depuis trente ans, les agents de change ne se sont pas arrogé le droit extravagant de diriger et de moraliser le marché de Paris, n’admettant que

  1. Depuis, dans un moment de folie réactionnaire, dont elle est coutumière, la Chambre a supprimé la coulisse ; c’est simplement odieux et c’est la ruine de la place de Paris au profit de Berlin.