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Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/40

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Mon berceau

ments sans profondeur, sans terrain, autant les étages mêmes de l’hôtel, qui s’en vont en terrasses dégradantes jusqu’au quatrième, sont composées de petites pièces bizarres, coupées de travers et peu confortables, c’était, paraît-il, les chambres d’amis et celles destinées à la domesticité du prince, tout était donc sacrifié au luxe et au confortable du prince d’Orléans, dans le rez-de-chaussée.

C’est dans le grand salon qu’a été signée la trop fameuse constitution de Law, instituant sa banque ; on sait que plus tard, lorsqu’il eut ruiné tant de gens en France, une grave émeute eut précisément lieu à deux pas de là, en plein Palais-Royal, et que sa banque fut enfin abolie en mai 1720, après avoir accumulé bien des ruines dans le pays.

Aujourd’hui cette demeure historique qui rappelle tant de souvenirs douloureux, mais qui garde une grande correction artistique, grâce à la magique maîtrise de Coypel, appartient à Mme la baronne Thénard, bru du célèbre chimiste et à laquelle je suis précisément redevable d’une partie de ces renseignements, si dignes d’intérêt pour l’histoire du premier arrondissement.

On se souvient que pendant longues années — mettons 40 ou 50 ans — le Constitutionnel demeura dans ce vieux vestige des fastes d’antan.