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Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/67

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LE CAVEAU DES INNOCENTS

l’une des mieux tenues de Paris ; et les personnes qui la visitent se tromperaient étrangement si, en raison de son aspect caverneux, ils la confondaient avec un repaire de malfaiteurs.

Tous les maraîchers venant y passer une partie de la nuit sont des gens qui possèdent un certain avoir et qui, sous de grossières enveloppes, ont de rares qualités ; ils ne se querellent jamais et vivent en famille.

Il est défendu de fumer, de chanter, et, dès l’ouverture du débit, ce petit homme difforme, surnommé Tortillard, se tient constamment devant la porte, une énorme trique à la main, pour empêcher les pochards ou gens à mine suspecte d’entrer au « caveau »,

À lui seul, il fait la police à l’extérieur et personnifie le type du vrai cerbère.

Depuis plus de dix ans, il est le gardien du caveau, et pourtant son patron ne lui donne pas de gages, mais il surveille en même temps la porte de son maître et les voitures des consommateurs.

Ceux-ci lui donnent des pourboires, ce qui lui permet de réaliser 6 à 7 francs par nuit, sans compter les régalades.

Le fondateur de la maison est M. Sausserousse, actuellement capitaine de sapeurs-pompiers à Vincennes, et son gendre et successeur, M. Gau-