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Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/84

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MON BERCEAU

les gros sous pleuvaient avant l’opération, c’était prudent, le public est si ingrat qu’après il serait parti sans rien donner aux artistes en plein vent.

On se souvient encore d’avoir entendu, en 1848, un original monté sur une table, récitant d’une voix lamentable des vers d’Hégésippe Moreau ; il eut peu de succès.

Aujourd’hui, tout est rentré dans le calme ; on traverse la Cour des Fontaines pour aller au Palais-Royal ou dîner chez Duval et bien des gens ne pensent guère qu’ils sont là, cependant, au milieu des témoins de pierre les plus éloquents de l’histoire du Vieux Paris en général et du premier arrondissement en particulier.

Un jour ou l’autre tout cela disparaîtra, la pioche des démolisseurs fera de la place pour de grandes maisons de rapport et voilà pourquoi j’ai voulu parler de la Cour des Fontaines pendant qu’il en est temps encore.

Cependant, la propriété, là comme au Palais-Royal, est bizarre, ainsi le sol même de la cour appartient ici à l’État et là à la ville, etc., et ce sont ces bizarreries administratives qui, pendant longtemps encore, sauveront peut-être la Cour des Fontaines de la destruction finale et… inévitable, parce qu’utilitaire, dans un quartier où il faut couvrir d’or un terrain pour avoir le droit de l’acquérir.