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Page:Paul Vibert - Pour lire en ballon, 1907.djvu/46

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— Comme vous voudrez.

Et comme nous traversions le vestibule de l’hôtel du Cheval Blanc pour aller nous coucher, mon diable d’inventeur-industriel vit ma malle avec un dessus en veau aux trois-quarts usé. Il se précipita dessus et appliquant une solide et consciencieuse friction sur la vieille peau usée, il s’écriait :

— Vous verrez, Monsieur, mon produit agit sur les peaux mortes comme sur les peaux vivantes, sur les bêtes comme sur les gens, c’est l’engrais nécessaire pour le cuir chevelu aussi bien que pour tous les vaisseaux capillaires. Vous m’en donnerez des nouvelles…

Et après l’avoir vivement remercié, j’allai me coucher…

Rentré à Paris, je ne pensais plus à cette amusante histoire, lorsqu’un mois plus tard, j’eus besoin de ma malle pour aller passer quelques jours à la campagne, ma bonne, stupéfaite, me dit :

— Voyez donc, Monsieur, votre malle est couverte de poils.

C’était vrai, ô prodige, la vieille peau de veau qui la recouvrait était recouverte elle-même d’un poil roux, dru et serré si long, que je fus obligé d’envoyer chercher le coiffeur pour tondre ma malle !

Le malheureux en resta pétrifié d’étonnement.

Ça ne fait rien, cet homme possédait tout de même un fameux secret !