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les bureaux de tabac allumer mon cigare ou ma pipe, dans la campagne j’ai mon briquet.

— Voyez par an, économie allumettes : tant, au bout de quarante ans : tant.

— Parfait, mais ce n’est pas énorme.

— Attendez, jamais je ne marche dans la boue ; mon valet de chambre cire facilement mes souliers. Économie de cirage : tant par an, tant au bout de quarante ans.

Deux fois par jour je prends mon café dans un café et comme j’économise un morceau de sucre sur deux, ça fait tant de morceaux par an, qui représentent tant en argent.

— Et tenez voici le total des quarante ans, avec les années bissextiles.

Ça, je l’avoue, c’est la manie de la précision, à côté de l’économie, mais avouez que sans cela, je ne serais pas un bon statisticien. Je pourrais poursuivre longtemps mes exemples ainsi sur chaque pas, chaque acte, chaque geste de ma vie, mais voyez seulement le total : 4 391 fr. 77 centimes par an d’économies réalisées de la sorte que je dépense autrement et sagement…

Et s’animant tout à coup par degré :

— Croyez-moi ; là est en partie la solution de la question sociale, si chaque fois que l’on peut économiser un omnibus de quinze centimes ou un verre inutile et qui fait mal ; si l’on ramassait avec soin les épingles et les boutons qui peuvent vous servir ; si enfin, l’on prenait dès son jeune âge, cette constante habitude de l’économie raisonnée